piątek, 29 czerwca 2012

Les Norblin de Varsovie

Devant moi un dessin en blanc et noir.  Il représente la rue Miodowa, le  17 avril  1794. Une foule de soldats polonais se hue sur le Palais Młodziejowski, le siège d'Osip Igelström,  l'ambassadeur russe à Varsovie. La rue envahie par la fumée semble retentir des coups de fusils, des cris des attaquants, des hennissements des chevaux et des gémissements de blessés.  Pareil à une simple esquisse,  il est au fait une œuvre finie. Son auteur: Jean Pierre Norblin de la Gourdaine, un Français pour qui la Pologne est devenu une seconde patrie...


L'arrivée en Pologne
Jean Pierre Norblin est né le 15 juillet 1745 à Misy-sur-Yonne. Il fait son apprentissage dans l'atelier de Francesco Casanova et à l'Académie royale de la peinture. En 1770-71 il est élève de l'École Royale des Élèves Protégés. Ses premières oeuvres datent du 1763. C'est en 1772 qu'il fait connaissance du prince polonais Adam Kazimierz Czartoryski, cousin du roi polonais. Après un voyage commun de deux ans, le peintre est invité par Czartoryski en Pologne où il devient le précepteur de ses enfants. Mais il continue aussi de travailler comme peintre et dessinateur.
Envouté par Myszeïdos, le poème de Ignacy Krasicki, racontant la guerre entre les chats et les souris, mais qui au fait est une métaphore de la Pologne en déclin au XVIII siècle, il y prépare les illustrations qui vont à merveille avec le texte dont la traduction française a été faite en 1776 par deux Français, professeurs à l'École de Chevaliers à Varsovie, Jean Baptiste Dubois et Charles Duclos, (une autre traduction parue en 1818 sous le titre La Souriade, a été réalisée par J-B. Lavoisier).
Étranger, Norblin observe attentivement la société qui l'entoure. De ces observations nait toute une collection de dessins représentant divers types de nobles polonais, ainsi que des habitants de ville et des paysans. Il a fait, par exemple, quelques portraits d'un jeune mendiant, qui est entré dans notre histoire comme symbole de patriotisme. Un jour il jouait devant le palais habité par Osip Igelström (l'ambassadeur russe mentionné ci-haut) avec une petite guillotine en coupant les têtes des poupées symbolisant les grands magnats polonais sympathisant avec la tsarine Catherine II.  Arrêté par la police, il s'est avéré qu'il était malade mental, ce qui d'ailleurs lui a sauvé la tête.
Norblin travaille pour la princesse Izabella Czartoryska qui a créé un jardin idyllique dans le village de Powązki, à une dizaine de kilomètres de Varsovie de l'époque. Le peintre y fait des tableaux pour les cabanes rustiques qui, de l'extérieur ressemblent aux huttes de paysans, mais qui à l'intérieur sont des villas somptueuses et riches. Il n'existe plus aucune trace de ce  jardin, détruit pendant les combats de 1794, et vanté par beaucoup d'étrangers séjournant à Varsovie sous le règne du roi Poniatowski.
Norblin, devenu citoyen polonais, est chroniqueur de sa nouvelle patrie. Ses tableaux nous présentent les assemblées des nobles en province, les sessions de la diète, notamment celle du 3 mai 1791 pendant laquelle a été votée la première constitution en Europe, et les épisodes des batailles de l'Insurrection de Kościuszko. Ce soulèvement  national était la dernière tentative de sauver la Pologne avant le troisième partage de ses territoires par les trois pays voisins: La Russie, la Prusse et l'Autriche. Cependant certains représentants de grandes maisons nobles étaient contre les combats. Ils voyaient l'avenir du pays dans la coopération, voir dans la soumission à l'Empire russe de Catherine II. La population de Varsovie leur a donc préparé un sort peu enviable. Ils ont été pendus sur la place du Marché de la Vielle Ville. Ceux qui ont fui auparavent ont été remplacés sur les échafauds par leurs portraits peints. En relatant cet évènement Norblin a fait un dessin (« Les traitres pendus sur la place du Marché ») et un tableau en huile (« Accrochages des portraits des traitres »).
En 1795 la Pologne n'existe plus comme état. Varsovie devient une ville de province dans le Royaume de Prusse. Norblin quitte la ville seulement en 1804. Avec sa femme polonaise, Marie Kapsch, et ses enfants il rejoint à Paris, où faisaient leurs études, ses fils du premier mariage avec Marie Tokarska. Alexandre, l'ainé de tous les enfants de Jean-Pierre, est devenu sculpteur et bronzier, tandis que Louis devient musicien et pédagogue, maitre de la violoncelle (un des ses élèves était Jacques Offenbach).
Sébastien, né à Varsovie en 1796 (appelé Sobeck par ses parents et ses copains polonais) était le seul à poursuivre le même chemin que le père. Ancien élève de l'Académie des Beaux Arts à Paris, il devient un peintre de renommé qui, entre 1827 et 1876, expose régulièrement au Salon. Très proche du milieu des émigrés polonais à Paris, il participe dans la restauration de l'Hôtel Lambert du Prince Adam Czartoryski.
Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine meurt à Paris le 23 février 1830, à l'âge de 84 ans.
Le retour à Varsovie

Parmi les enfants de Jean-Pierre Norblin qui étaient déjà établis en France, le seul qui revient vers leur première patrie est Alexandre Jean Constantin, appelé en Pologne Jan Norblin.
Sculpteur, à Paris, il travaillait aussi dans des ateliers de bronzerie. Il vient à Varsovie en 1819 sur invitation de la Commission Gouvernementale de l'Intérieur. C'est l'époque du Royaume de Pologne créé après la défaite de Napoléon Bonaparte, qui existe dans les limites de l'Empire russe. Le tsar Alexandre I est couronné roi de Pologne.
La première entreprise de Jan est créée en 1820 dans rue Długa, près de l'Église Saint Esprit. Aidé des spécialistes qu'il avait fait venir de France: Jean Trouvé, Claude Grégoire et ses deux fils, Jean-Baptiste et Émile, Jan Norblin conquiert vite Varsovie. Un an lui suffit pour se faire octroyer une médaille d'or pour ses produits.
En 1822 Émile Grégoire devient son associé et l'entreprise déménage vers Krakowskie Przedmieście, occupant l'hôtel se trouvant près de la tour de l'église Sainte Anne. C'est à cette époque que Jan réalise trois sculptures pour le Palais de la Commission qui l'avait fait venir en Pologne. Vous pouvez toujours les admirer sur la façade du palais devenu le siège de la police de Varsovie (rue Andersa, près de la station métro: Arsenał). La production est dominée par les ustensiles de la vie courante, tels: chandeliers, pendules et horloges, vases, sonnettes, ou couverts et vaisselles en plaqué. Cependant la notoriété de Jan  est dûe plutôt à son activité quasi artistique. Il  réalise plusieurs objets et un ciborium pour l'Église Sainte Alexandre (plac Trzech Krzyży),  terminée en 1825 par l'architecte Piotr Aigner. Il  fait aussi deux bustes du prince Adam Czartoryski ainsi que les décorations aux sarcophages des rois polonais Władysław Herman et Bolesław Krzywousty, se trouvant à la Cathédrale de Płock.
L'établissement retourné dans la rue Długa, en 1826 commence la plus grande aventure « patriotique » de Jan Norblin. C'est dans son atelier que doit être réalisée en bronze la statue de Nicolas Copernic, d'après le projet du plus grand sculpteur de l'époque, le Danois, Bertel Thorvaldsen. Hélas, la mort prématurée le 23 mars 1828, empêche Jan de signer le contrat avec l'Association des Amis de Science, le commanditaire de la statue. C'est donc son associé Émile et la famille Grégoire qui continuent et finalisent les négociations grâce auxquelles vous pouvez toujours admirer le monument de notre plus grand astronome assis devant le Palais Staszic, rue Krakowskie Przedmieście.
Marié à Marianne Bilhot, Jan avait 6 enfants. Tous habitaient Varsovie. Parmi eux, l'ainé, Wincenty Konstanty, était propriétaire d'une usine métallurgique, August Wincenty avait un établissement de production de lampes, et Jan Piotr Sylwin était enseignant à Instytut Szlachecki, une école secondaire pour les jeunes gens nobles.

Une nouvelle étape
Wincenty Konstanty est celui qui est probablement le plus connu de la famille Norblin au XIX siècle. Il n'a pas hérité l'atelier de son père, mais il commence sa carrière avec un établissement de production des objets en argent et en or, que lui a apporté comme dot, sa femme, Henryka Cerisy. Pendant 33 ans il en a fait une des plus grandes usines dont la production est vendue non seulement à Varsovie ou dans ses environs, mais dans tout l'empire russe. Élevé dans la tradition catholique, il a changé de confession en 1830, et repose dans le tombeau familial au cimetière calviniste, rue Żytnia.
C'est son fils Ludwik qui continue l'oeuvre de son père. C'était encore en 1865 qu'il a acheté à Wincenty, son usine se trouvant dans la rue Chłodna. Spécialisé dans la production des couverts et vaisselle en plaqué, en 1882 Ludwik achète l'usine des frères Bruch et par la suite déménage dans la rue Żelazna tous ses établissements. Une grande société anonyme au capital social de 1 500 000 roubles, reste cependant une entreprise familiale. Le profil de la production complétement changé, l'usine devient une des plus importantes usines métallurgiques de la Russie. Et cette situation continuait en Pologne ressuscitée, après la Première Guerre Mondiale. 
L'Établissement Norblin, rue  Żelazna est nationalisé en 1948. En 1982 la production est arrêtée et dans une partie des bâtiments (au carrefour des rues Żelazna et Prosta) est créée une filiale du Musée de Technologie (Muzeum Techniki). Mais le terrain étant vendu, le musée doit fermer ses portes en 2008, après 25 ans d'existence. Le projet de construction d'une tour d'habitation a heureusement échoué, et en décembre 2008, une société ArtNorblin est créée qui a pour but la revitalisation des établissement industriels.

Du peintre au peintre
Un des descendants de Jean-Pierre était Juliusz Stefan Norblin. Tout comme son ancêtre, il était très connu comme peintre et dessinateur mais aussi comme auteur des affiches. Il était marié à Lena Żelichowska, une danseuse et  actrice du cinéma polonais d'avant guerre. Le couple quitte la Pologne après l'entrée de l'armée allemande et la défaite polonaise en septembre 1939. Pendant la guerre ils habitent en Inde où Stefan Norblin réalise plusieurs peintures pour décorer les intérieurs du somptueux palais Umaid Bhawan de maharadja de Jodhpur, la plus grande résidence privée du monde. 




La première commande a été réalisée par Norblin en 1941 dans la ville de Morvi. Plusieurs peintures ont décoré la somptueuse résidence de maharadja Lakdhirji Waghji, construite entre 1931-1944 dans le style moderne où les traditions orientales se marient très bien avec l'Art Déco.


Juliusz Stefan Norblin est mort en 1952 à San Francisco où il s'était établi après la guerre. Il s'est suicidé suite à une depression causée par des problèmes financiers et une perte de vue qui avançait rapidement. Les bruits courraient que les cendres du couple Norblin ont été dispercées au baie de San Francisco, ce qui s'est avéré faux. Elles sont revenues en Pologne le 12 octobre 2012 et réposent désormais dans le tombeau famillial au cimetière de Stare Powązki à Varsovie.
À cette occasion une exposition présentant les oeuvres de Stefan Norblin a été ouverte au Musée de l'Affiche à Wilanów. Dommage qu'elle ne peut être visitée que jusqu'au 31 janvier 2013.




Et ceux qui maîtrisent l'anglais sont invités à regarder cet interview avec le fils unique de Stefan Norblin et Lena Żelichowska, Andrew Norblin, un excellent guitariste, membre, entre autres, de The Comets de Bill Haley.






Le petit Andrew Norblin avec ses parents

1 komentarz:

  1. ..i dalej czytam z wielka przyjemnoscia!
    po imieniu wnioskuje ze autor jest Polakiem, przeto pisze po polsku.
    chcialabym dorzucic info o Louis Norblin,
    wiolonczeliscie. Otoz Byl on wybitnym muzykiem ktory stworzyl podwaliny francuskiej znakomitej szkoly wiolonczelowej.Uczyl w Conservatoire de Paris,byl pierwszym wioloncztelista orkiestra Opéra de Paris.O ile Offenbach-znany jako kompozytor lecz sredni instrumentalista- o tyle jego uczen Franchomme- stal sie slawa.Norblin gral przede wszystkim z E.Baillot- swietnym skrzypkiem, i autorem slynnej szkoly na skrzypce.Z kwartetem Baillot Norblin gral z Chopinem i Mendelsohnem.
    Enfin, szczegoly sa w dobrym artykule na Wikipedii. niestety jakos dzalalnosc tego swietnego muzyka nie jest w Polsce znana, jak i fakt ze to on odnalazl i pierwszy opublikowal suity wiolonczelowe J.s.Bacha!
    Pozdrawiam i jeszcze gratuluje bloga!!!
    Dorota

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