piątek, 29 czerwca 2012

Les Norblin de Varsovie

Devant moi un dessin en blanc et noir.  Il représente la rue Miodowa, le  17 avril  1794. Une foule de soldats polonais se hue sur le Palais Młodziejowski, le siège d'Osip Igelström,  l'ambassadeur russe à Varsovie. La rue envahie par la fumée semble retentir des coups de fusils, des cris des attaquants, des hennissements des chevaux et des gémissements de blessés.  Pareil à une simple esquisse,  il est au fait une œuvre finie. Son auteur: Jean Pierre Norblin de la Gourdaine, un Français pour qui la Pologne est devenu une seconde patrie...


L'arrivée en Pologne
Jean Pierre Norblin est né le 15 juillet 1745 à Misy-sur-Yonne. Il fait son apprentissage dans l'atelier de Francesco Casanova et à l'Académie royale de la peinture. En 1770-71 il est élève de l'École Royale des Élèves Protégés. Ses premières oeuvres datent du 1763. C'est en 1772 qu'il fait connaissance du prince polonais Adam Kazimierz Czartoryski, cousin du roi polonais. Après un voyage commun de deux ans, le peintre est invité par Czartoryski en Pologne où il devient le précepteur de ses enfants. Mais il continue aussi de travailler comme peintre et dessinateur.
Envouté par Myszeïdos, le poème de Ignacy Krasicki, racontant la guerre entre les chats et les souris, mais qui au fait est une métaphore de la Pologne en déclin au XVIII siècle, il y prépare les illustrations qui vont à merveille avec le texte dont la traduction française a été faite en 1776 par deux Français, professeurs à l'École de Chevaliers à Varsovie, Jean Baptiste Dubois et Charles Duclos, (une autre traduction parue en 1818 sous le titre La Souriade, a été réalisée par J-B. Lavoisier).
Étranger, Norblin observe attentivement la société qui l'entoure. De ces observations nait toute une collection de dessins représentant divers types de nobles polonais, ainsi que des habitants de ville et des paysans. Il a fait, par exemple, quelques portraits d'un jeune mendiant, qui est entré dans notre histoire comme symbole de patriotisme. Un jour il jouait devant le palais habité par Osip Igelström (l'ambassadeur russe mentionné ci-haut) avec une petite guillotine en coupant les têtes des poupées symbolisant les grands magnats polonais sympathisant avec la tsarine Catherine II.  Arrêté par la police, il s'est avéré qu'il était malade mental, ce qui d'ailleurs lui a sauvé la tête.
Norblin travaille pour la princesse Izabella Czartoryska qui a créé un jardin idyllique dans le village de Powązki, à une dizaine de kilomètres de Varsovie de l'époque. Le peintre y fait des tableaux pour les cabanes rustiques qui, de l'extérieur ressemblent aux huttes de paysans, mais qui à l'intérieur sont des villas somptueuses et riches. Il n'existe plus aucune trace de ce  jardin, détruit pendant les combats de 1794, et vanté par beaucoup d'étrangers séjournant à Varsovie sous le règne du roi Poniatowski.
Norblin, devenu citoyen polonais, est chroniqueur de sa nouvelle patrie. Ses tableaux nous présentent les assemblées des nobles en province, les sessions de la diète, notamment celle du 3 mai 1791 pendant laquelle a été votée la première constitution en Europe, et les épisodes des batailles de l'Insurrection de Kościuszko. Ce soulèvement  national était la dernière tentative de sauver la Pologne avant le troisième partage de ses territoires par les trois pays voisins: La Russie, la Prusse et l'Autriche. Cependant certains représentants de grandes maisons nobles étaient contre les combats. Ils voyaient l'avenir du pays dans la coopération, voir dans la soumission à l'Empire russe de Catherine II. La population de Varsovie leur a donc préparé un sort peu enviable. Ils ont été pendus sur la place du Marché de la Vielle Ville. Ceux qui ont fui auparavent ont été remplacés sur les échafauds par leurs portraits peints. En relatant cet évènement Norblin a fait un dessin (« Les traitres pendus sur la place du Marché ») et un tableau en huile (« Accrochages des portraits des traitres »).
En 1795 la Pologne n'existe plus comme état. Varsovie devient une ville de province dans le Royaume de Prusse. Norblin quitte la ville seulement en 1804. Avec sa femme polonaise, Marie Kapsch, et ses enfants il rejoint à Paris, où faisaient leurs études, ses fils du premier mariage avec Marie Tokarska. Alexandre, l'ainé de tous les enfants de Jean-Pierre, est devenu sculpteur et bronzier, tandis que Louis devient musicien et pédagogue, maitre de la violoncelle (un des ses élèves était Jacques Offenbach).
Sébastien, né à Varsovie en 1796 (appelé Sobeck par ses parents et ses copains polonais) était le seul à poursuivre le même chemin que le père. Ancien élève de l'Académie des Beaux Arts à Paris, il devient un peintre de renommé qui, entre 1827 et 1876, expose régulièrement au Salon. Très proche du milieu des émigrés polonais à Paris, il participe dans la restauration de l'Hôtel Lambert du Prince Adam Czartoryski.
Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine meurt à Paris le 23 février 1830, à l'âge de 84 ans.
Le retour à Varsovie

Parmi les enfants de Jean-Pierre Norblin qui étaient déjà établis en France, le seul qui revient vers leur première patrie est Alexandre Jean Constantin, appelé en Pologne Jan Norblin.
Sculpteur, à Paris, il travaillait aussi dans des ateliers de bronzerie. Il vient à Varsovie en 1819 sur invitation de la Commission Gouvernementale de l'Intérieur. C'est l'époque du Royaume de Pologne créé après la défaite de Napoléon Bonaparte, qui existe dans les limites de l'Empire russe. Le tsar Alexandre I est couronné roi de Pologne.
La première entreprise de Jan est créée en 1820 dans rue Długa, près de l'Église Saint Esprit. Aidé des spécialistes qu'il avait fait venir de France: Jean Trouvé, Claude Grégoire et ses deux fils, Jean-Baptiste et Émile, Jan Norblin conquiert vite Varsovie. Un an lui suffit pour se faire octroyer une médaille d'or pour ses produits.
En 1822 Émile Grégoire devient son associé et l'entreprise déménage vers Krakowskie Przedmieście, occupant l'hôtel se trouvant près de la tour de l'église Sainte Anne. C'est à cette époque que Jan réalise trois sculptures pour le Palais de la Commission qui l'avait fait venir en Pologne. Vous pouvez toujours les admirer sur la façade du palais devenu le siège de la police de Varsovie (rue Andersa, près de la station métro: Arsenał). La production est dominée par les ustensiles de la vie courante, tels: chandeliers, pendules et horloges, vases, sonnettes, ou couverts et vaisselles en plaqué. Cependant la notoriété de Jan  est dûe plutôt à son activité quasi artistique. Il  réalise plusieurs objets et un ciborium pour l'Église Sainte Alexandre (plac Trzech Krzyży),  terminée en 1825 par l'architecte Piotr Aigner. Il  fait aussi deux bustes du prince Adam Czartoryski ainsi que les décorations aux sarcophages des rois polonais Władysław Herman et Bolesław Krzywousty, se trouvant à la Cathédrale de Płock.
L'établissement retourné dans la rue Długa, en 1826 commence la plus grande aventure « patriotique » de Jan Norblin. C'est dans son atelier que doit être réalisée en bronze la statue de Nicolas Copernic, d'après le projet du plus grand sculpteur de l'époque, le Danois, Bertel Thorvaldsen. Hélas, la mort prématurée le 23 mars 1828, empêche Jan de signer le contrat avec l'Association des Amis de Science, le commanditaire de la statue. C'est donc son associé Émile et la famille Grégoire qui continuent et finalisent les négociations grâce auxquelles vous pouvez toujours admirer le monument de notre plus grand astronome assis devant le Palais Staszic, rue Krakowskie Przedmieście.
Marié à Marianne Bilhot, Jan avait 6 enfants. Tous habitaient Varsovie. Parmi eux, l'ainé, Wincenty Konstanty, était propriétaire d'une usine métallurgique, August Wincenty avait un établissement de production de lampes, et Jan Piotr Sylwin était enseignant à Instytut Szlachecki, une école secondaire pour les jeunes gens nobles.

Une nouvelle étape
Wincenty Konstanty est celui qui est probablement le plus connu de la famille Norblin au XIX siècle. Il n'a pas hérité l'atelier de son père, mais il commence sa carrière avec un établissement de production des objets en argent et en or, que lui a apporté comme dot, sa femme, Henryka Cerisy. Pendant 33 ans il en a fait une des plus grandes usines dont la production est vendue non seulement à Varsovie ou dans ses environs, mais dans tout l'empire russe. Élevé dans la tradition catholique, il a changé de confession en 1830, et repose dans le tombeau familial au cimetière calviniste, rue Żytnia.
C'est son fils Ludwik qui continue l'oeuvre de son père. C'était encore en 1865 qu'il a acheté à Wincenty, son usine se trouvant dans la rue Chłodna. Spécialisé dans la production des couverts et vaisselle en plaqué, en 1882 Ludwik achète l'usine des frères Bruch et par la suite déménage dans la rue Żelazna tous ses établissements. Une grande société anonyme au capital social de 1 500 000 roubles, reste cependant une entreprise familiale. Le profil de la production complétement changé, l'usine devient une des plus importantes usines métallurgiques de la Russie. Et cette situation continuait en Pologne ressuscitée, après la Première Guerre Mondiale. 
L'Établissement Norblin, rue  Żelazna est nationalisé en 1948. En 1982 la production est arrêtée et dans une partie des bâtiments (au carrefour des rues Żelazna et Prosta) est créée une filiale du Musée de Technologie (Muzeum Techniki). Mais le terrain étant vendu, le musée doit fermer ses portes en 2008, après 25 ans d'existence. Le projet de construction d'une tour d'habitation a heureusement échoué, et en décembre 2008, une société ArtNorblin est créée qui a pour but la revitalisation des établissement industriels.

Du peintre au peintre
Un des descendants de Jean-Pierre était Juliusz Stefan Norblin. Tout comme son ancêtre, il était très connu comme peintre et dessinateur mais aussi comme auteur des affiches. Il était marié à Lena Żelichowska, une danseuse et  actrice du cinéma polonais d'avant guerre. Le couple quitte la Pologne après l'entrée de l'armée allemande et la défaite polonaise en septembre 1939. Pendant la guerre ils habitent en Inde où Stefan Norblin réalise plusieurs peintures pour décorer les intérieurs du somptueux palais Umaid Bhawan de maharadja de Jodhpur, la plus grande résidence privée du monde. 




La première commande a été réalisée par Norblin en 1941 dans la ville de Morvi. Plusieurs peintures ont décoré la somptueuse résidence de maharadja Lakdhirji Waghji, construite entre 1931-1944 dans le style moderne où les traditions orientales se marient très bien avec l'Art Déco.


Juliusz Stefan Norblin est mort en 1952 à San Francisco où il s'était établi après la guerre. Il s'est suicidé suite à une depression causée par des problèmes financiers et une perte de vue qui avançait rapidement. Les bruits courraient que les cendres du couple Norblin ont été dispercées au baie de San Francisco, ce qui s'est avéré faux. Elles sont revenues en Pologne le 12 octobre 2012 et réposent désormais dans le tombeau famillial au cimetière de Stare Powązki à Varsovie.
À cette occasion une exposition présentant les oeuvres de Stefan Norblin a été ouverte au Musée de l'Affiche à Wilanów. Dommage qu'elle ne peut être visitée que jusqu'au 31 janvier 2013.




Et ceux qui maîtrisent l'anglais sont invités à regarder cet interview avec le fils unique de Stefan Norblin et Lena Żelichowska, Andrew Norblin, un excellent guitariste, membre, entre autres, de The Comets de Bill Haley.






Le petit Andrew Norblin avec ses parents

czwartek, 21 czerwca 2012

La Place du Marché


Cette place est la plus ancienne de Varsovie. Elle a été jalonnée sur le plan d’un rectangle (90 m x 73 m) au moment de la fondation de la ville entre la fin du XIII et le début du XIV siècle. D’abord toutes les maisons qui l’entouraient étaient en bois. Il n’était donc pas étonnant que nombreuses incendies ravageaient le quartier. Au cours du XV siècle, une par une, ont apparu de belles maisons gotiques en brique. Après une grande incendie en 1607, de nouveaux hôtels particuliers ont été construits qu'on pouvait contempler jusqu'au 1944.


Jean-Pierre Norblin "Les Varsoviens qui pendent les traîtres de la nation sur la Place du Marché lors de l'Insurrection de Kościuszko en 1794"


La Place du Marché était un centre municipal et commercial. L’hôtel de ville a été construit au milieu, entouré des étals. C’était aussi le lieu de punition des criminels. Un pilori, un carcan (kuna) et une cage n’y étaient pas pour rien...

Jusqu’au XVIII siècle, les habitants de la place, c’étaient de riches familles bourgeoises: Giza, Baryczka, Dzianotti, Walbach et autres.

D’abord on désignait les côtés de la place par leur disposition géographique : côté nord, côté ouest, etc. Quelquefois on se servait aussi des noms propres : Le Côté du Château (celui du sud), Le Côté de la Vistule (celui de l’est) et Le Côté de la Ville (celui de l’ouest). Ce n’est qu’en 1916, que les noms actuels ont été officiellement adoptés. Ainsi, le côté est est devenu Le Côté Barss, celui du sud – Le Côté Zakrzewski, celui de l’ouest – Le Côté Kołłątaj et celui du nord – Le Côté Dekert.

Au début du XIX siècle, la place a perdu son importance. En 1817 l’hôtel de ville est démoli. La plupart des grands et beaux magasins ont déménagé vers Krakowskie Przedmieście. Toute la Vieille Ville, et la Place du Marché n’y faisait pas exception, est devenu un quartier des pauvres : ouvriers, petits artisans, chômeurs... Les maisons entourant la place, petit à petit, tombaient en ruine. Un seul événement heureux a eu lieu en 1855 où un bassin avec la statue de Sirène ont été construits.




Ce n’est qu’au début du XX siècle, que commencent les travaux de restauration. Cela grâce aux efforts de l’Association de Protection des Monuments du Passé (Towarzystwo Opieki nad Zabytkami Przeszłości) et de l’Association des Passionés de l’Histoire (Towarzystwo Miłośników Historii) qui ont trouvé leurs sièges aux numéros 31 et 32. En 1912 on a démoli des étals, de nouveaux pavés multicolores ont été posés dont la composition ressemblait à celle de la médaille Virtuti Militari. En 1928 les anciennes façades ont été nétoyées et couvertes de polychromies effectuées par les meilleurs artistes polonais de l’époque. Au même temps, pour des raisons mystérieuses, la statue de la Sirène a été bannie sur les remparts du côté de la Vistule et le bassin enlevé.

Au moment de l’agression nazie en septembre 1939, seules quelques maisons ont été endommagées. Mais toutes ont vu leur fin pendant ou juste après l’Insurrection de Varsovie en août 1944, à cause des bombardements d’artillerie d’abord et des lance-flammes allemands ensuite.



Toutes les maisons ont été reconstruites entre 1949 et 1953. Certaines abritent des musées, comme le Musée historique de la Ville de Varsovie, ou le Musée de la Littérature, d’autres servent de bâtiments d’habitation.




środa, 20 czerwca 2012

Antoni Magier - le témoin de l'histoire

"Nous avons différentes espèces de Cartes telles que géographiques, historiques, etc. qui représentent l'état naturel de la surface du globe, ou bien les changemens politiques et autres qui s'y opèrent; mais il nous manque encore une carte Météorographique, Carte qui place sous nos yeux les variations physiques survenues sur la terre, produites en grande partie par l'action du pouvoir calorifique sur les deux fluides ambiants à savoir: l'air et l'eau.
De longues années s'écouleront, avant que les naturalistes parviennent à former une carte générale météorographique du globe entier ; mais de ce qui a été fait dans l'étude météorologique on conçoit la facilité d'obtenir des cartes météorographiques spéciales des différentes parties de la terre. En tête de celles - ci peut se placer la carte Météorographique du Royaume de Pologne dont nons allons nous occuper."
Ces mots ont été écrits et publiés par Antoni Magier en 1828. Ils accompagnaient la carte météorologique de Varsovie, la première carte polonaise qui soit réalisée et mise à disposition des savants du monde entier. Qui était l'auteur de cette brochure? Un des premiers météorologues polonais? Certes, mais aussi physicien, astronome et, surtout, chroniqueur de la capitale polonaise. Témoin de l'histoire tumultueuse de notre pays entre la fin du règne de la dynastie saxonne des Wettyn, l'époque du Siècle des Lumières représentée par le dernier roi polonais – Stanisław August Poniatowski, de la soumission de Varsovie au roi de Prusse, puis du temps des illusions perdues liées à la création par Napoléon du Duché de Varsovie, et enfin de la disparition totale du Royaume de Pologne qui n'existait plus qu'au sein de l'Empire Russe sous le tsar Alexandre I. Or, que d'observations à relater...
Pour suivre les traces de sa vie, dirigeons nous d'abord à la Vieille Ville. Retrouvons la rue Piwna (la rue de la Bière), l'une des plus anciennes rues de notre ville. Créée vers la fin du XIII siècle, avec la ville même, elle a été tracée dans le quartier que l'on pourrait désigner comme quartier « industriel ». C'est ici qu’étaient situées toutes les brasseries et les fours des boulangers pour que les maisons d'habitation soient à l'abri des incendies. C'est ici au numéro actuel 47, que Antoni Magier est né le 2 juin 1762, dans la maison appartenant, depuis plusieurs générations, à la famille de sa mère.
Enfant, il était élève d'un certain Monsieur Robert qui tenait l'école dans l'hôtel au numéro 2 sur la place du Marché de la Vieille Ville. Dans le même qui abrite actuellement un centre de culture. Ensuite il fréquentait l'école située dans la rue voisine – Jezuicka, là où, dans les années 80 du XVIII siècle, était le siège du premier ministère de l'éducation nationale en Europe et qui, de nos jours, abrite le théâtre « Chez Tartuffe ».

Sa maison natale, détruite en 1944, comme tout le quartier, a été reconstruite, et pour commémorer son illustre habitant, on a mis son médaillon sur la façade. Malheureusement la reconstruction n’était pas complète. On ne trouve plus ni l'observatoire astronomique aménagé par Magier au dessus de son appartement du troisième étage, ni la peinture murale dans la cage d'escalier qui représentait le système solaire de Copernic (n'oublions pas qu'à cette époque-là le livre du grand astronome se trouvait toujours sur l'indexe). La porte d'entrée n'a plus de traces des clous sur lesquels le valet du météorologue accrochait les communiqués sur ses observations quotidiennes réalisées durant plus de 25 ans. Les mêmes qui figurent dans les notes et dans des dossiers achetées par le gouvernement après la mort du savant. Celles sur la température, la pression atmosphérique, l'humidité de l'air, les mouvements des vents, la pluviosité, ainsi que sur l'évolution des nuages. Presque 140 000 d'observations auxquelles l'on a ajouté des observations du niveau de la Vistule, et qui ont permis de rédiger la première carte météographique de Varsovie. De nos jours, les météorologues se servent toujours des résultats de ses observations pour faire des analyses de longue terme portant sur l'évolution du climat.


Antoni Magier était un personnage connu de tous les Varsoviens. Même les illettrés profitaient de son savoir. Très régulier dans ses habitudes quotidiennes, il était observé quand il sortait de chez lui. Un parapluie sous son coude ou un habit chaud malgré le soleil qui brillait, témoignait un changement de temps très proche.
Il sortait pour se rendre soit au Lycée de Varsovie dont il était professeur de physique et de sciences naturelles, soit à des cafés où il aimait discuter et où il cherchait des informations et des anecdotes sur la vie des Varsoviens.
Le lycée se trouvait d'abord à deux pas de chez lui, au Palais de Saxe, à la place appelée aujourd'hui « la place maréchal Pilsudski ». Dans le palais qui a été détruit par les Allemands en décembre 1944, et dont il ne reste qu'une partie d'arcades abritant le Tombeau du Soldat Inconnu. En 1818, le lycée a déménagé au Palais Kazimierzowski (rue Krakowskie Przedmieście) où il partageait ses locaux avec l'Université de Varsovie récemment créée. Il est plutôt sûr qu'à cette époque Magier était le professeur du jeune Frédéric Chopin dont le père, Nicolas, était aussi professeur au lycée et qui habitait avec la famille dans un des appartements de service dans l'annexe du palais. De cette expérience pédagogique est né un livre dans lequel Antoni Magier expliquait aux enfants les phénomènes naturels. Il le faisait d'une façon très simple mais pertinente et efficace. Si le langage avait été plus moderne, ce livre aurait pu être lu aussi de nos jours.
Dans son appartement il avait aussi un atelier dans lequel il produisait des thermomètres, des baromètres et des instruments de son invention qui permettaient de contrôler le taux d'alcool dans des liquides. Tous ses instruments étaient de grande notoriété et les gens de tous côtés venaient à Varsovie pour les acheter. Il était même une victime d'une contrefaçon, ce qui a fini par un communiqué de presse publié dans « Le Courrier de Varsovie » du 3 juin 1823, dans lequel il prévenait ses clients qu'un certain sieur Sikorski de Berdyczew, maître de tôlerie produisait des instruments physiques qu'il vendait au public comme fabriqués dans l'atelier d'Antoni Magier.
Mais le plus grand mérite de Antoni Magier est celui de chroniqueur de Varsovie. Pendant toute sa vie il faisait des notes de ce qu'il entendait autour de lui. Les notes qui lui ont permis de rédiger des articles publiés d'abord dans la presse quotidienne et qui finalement ont résulté d'un livre « L'esthétique de la ville de Varsovie, la capitale ». Le livre de Magier, longtemps connu uniquement des spécialistes, car sous forme de manuscrit, a été rédigé dans les années 1830. C'est une richissime source d'informations sur le Varsovie de la fin du XVIII et du début du XIX siècle.
On y apprend par exemple la vie du dernier roi polonais, son règne et son amour pour les arts, mais aussi des anecdotes sur ses petites manies et faiblesses. On y voit naître le théâtre national où les pièces des auteurs polonais étaient jouées en langue polonaise par les acteurs polonais pour le public polonais qui n'était plus obligé d'assister aux spectacles interprétés par les acteurs étrangers dans leurs langues maternelles. Quel soulagement...
Mais on y retrouve aussi les informations sur l'administration prussienne qui gouvernait dans la ville entre 1796 à 1806, avec son fonctionnaire le plus pittoresque qu’était Ernst Theodore Amadée Hoffmann, peintre, musicien, écrivain, connu dans le monde entier comme l'auteur du conte « Casse-noisettes » et qui habitait dans un hôtel proche de la Barbacane, rue Freta (l’hôtel Samson). Ami des musiciens et des peintres polonais, il était un des fondateurs de l'Association musicale de Varsovie qui avait son premier siège dans le palais Mniszech où, de nos jours, se trouve l'Ambassade de Belgique.


Le lecteur français peut être intéressé surtout par les fragments concernant les royalistes français qui ayant fuit la France soumise à la terreur de la Grande Révolution, accompagnaient le comte de Lille, qui ne fut autre que le futur Louis XVIII. Et peut-être des passages racontant l'arrivée des troupes de Napoléon Bonaparte, si attendus par les Polonais, et dont les soldats se croyaient dans un pays conquis et en profitaient largement. C’est pourquoi très vite, seul l'empereur resta cher aux coeurs des Varsoviens.
Mais en contrepartie il y avait aussi des passages racontant les activités des artistes français invités par le roi Stanisław August Poniatowski, notamment du sculpteur André Le Brun, du peintre Jean Pillement, de l'architecte Victor Louis, qui ont participé à l'embellissement des intérieurs du Château Royal, ou d'autres comme Monsieur Raquellier, le maître d'escrime à l'École des Chevaliers ou Charles de Perthès, le cartographe à la même école.
Antoni Magier est mort le 6 février 1837. Dans son testament, il a légué sa fortune (qui n'était pas petite) non seulement à ses proches, mais aussi à des associations caritatives. Même la ville de Varsovie a reçu un don de 1000 zlotys pour la construction d'un cadran solaire pour qu’il serve tous les Varsoviens, riches et pauvres. Ce cadran qui a été réalisé seulement en 1863, peut être toujours admiré dans le Jardin de Saxe, tout près des grands jets d’eau avec bassin. Il porte une inscription en latin: Erectum ex legato Antoni Magier A. D. MDCCCLXIII.


Et si vous passez par le vieux cimetière de Powązki, retrouvez l'allée 8 où dans une tombe dominée par un bout de colonne antique entourée de feuilles de lauriers, repose ce grand homme et grand amoureux de Varsovie.

wtorek, 19 czerwca 2012

Le Varsovie qui n'est plus là

La ville de Varsovie, avant la Seconde Guerre mondiale était appelée par certains "Le Paris du Nord de l'Europe". Il n'est plus possible de confirmer ou rejetter cette opinion, car la ville de mes grands-parents n'existe plus, sauf quelques beaux hôtels qui ont été épargés par la guerre. Il ne nous reste plus que des fragments de films documentaires et des milliers de pohotos ou cartes postales d'avant 1939.


Au moment du déclanchement de la II Guerre mondiale, Varsovie comptait 1 307 000 d'habitans (dont 380 000 d'origine juive). En janvier 1945, quand les troupes de l'Armée Rouge et les soldats polonais ont passé le fleuve et sont entrés sur la rive gauche, il en avait 140 000 à peine dont la plupart habitait la rive droite.
" Varsovie est tout simplement le plus grand amas de ruines dans le monde " écrivait dans sa correspondance de la capitale de Pologne le "Daily Express" du 6 février 1945.


Une animation réalisée sur la base des documentaires tournés et photos prises juste après la guerre qu'on peut voir en 3D au Musée de l'Insurrection de Varsovie

Pertes totales de la ville de Varsovie entre 1939 et 1944:
  • 1 160 000 d'habitants tués ou deportés,
  • 100% des viaducs ferroviaires et routiers,
  • 95% des installations ferroviaires,
  • 95% des cinémas et théâtres,
  • 90% du patrimoine architectural (782 édifices sur les 957 existants),
  • 90% des collections des bibliothèques,
  • 90% des archives,
  • 90% des sites industriels,
  • 90% des sites du service de santé,
  • 85% du réseau des tramways
  • 72% des immeubles d'habitation
  • 70% des bâtiments scolaires,
  • 60% des arbres dans les parcs et jardins municipaux,
  • 50% du réseau électrique,
  • 46% des conduites de gaz,
  • 22 des 31 monuments...
Les chiffres sont tirés du Catalogue de l'Exposition "Vers la liberté. L'État clandestin polonais 1939-1945. L'Insurrection de Varsovie août-octobre 1944"

poniedziałek, 18 czerwca 2012

Pourquoi la sirène?




 Une courte histoire du blason de Varsovie

Tout le monde connait l'histoire d'Ulysse et le conseil que lui a donné la magicienne Circé...

« Tu rencontreras d'abord les Sirènes qui charment tous les hommes qui les approchent; mais il est perdu celui qui, par imprudence, écoute leur chant, et jamais sa femme et ses enfants ne le reverront dans sa demeure, et ne se réjouiront. Les Sirènes le charment par leur chant harmonieux, assises dans une prairie, autour d'un grand amas d'ossements d'hommes et de peaux en putréfaction. Navigue rapidement au delà, et bouche les oreilles de tes compagnons avec de la cire molle, de peur qu'aucun d'eux entende. Pour toi, écoute-les, si tu veux ; mais que tes compagnons te lient, à l'aide de cordes, dans la nef rapide, debout contre le mât, par les pieds et les mains, avant que tu écoutes avec une grande volupté la voix des Sirènes. Et, si tu pries tes compagnons, si tu leur ordonnes de te délier, qu'ils te chargent de plus de liens encore. » (traduction de Conte de Lisle)





Les sirènes d'Ulysse sont des oiseaux avec les têtes de femmes. Ces créatures étaient connues des gens du Moyen Âge dans toute l'Europe grâce, entre autre, aux livres dits des bestiaires, comme le fameux Physiologus (dont les manuscrits grecs les plus anciens datent du X-ème siècle), qui décrivaient les animaux réels et imaginaires, outre les sirènes, aussi des licornes, griffons, basilics, onocentaures et tant d'autres.

Les Varsoviens, tout comme les habitants des autres villes européennes, connaissent les bestiaires et sont fascinés par ces histoires fantastiques. Parmi ces créatures irréeles ils ont donc choisi, pour l'emblème de leur ville, une sirène.

L'image le plus ancien que nous connaissons est celui sur un sceau datant de 1402.





Celui qui est sur la couverture d'un livre municipal de 1659 lui ressemble beaucoup.





Les deux représentent une bête: moitié femme, moitié oiseau ou dragon avec une queue de serpent. Une créature fantastique qui enchante les habitants de la ville par son chant merveilleux et qui s'est muni d'une sabre et d'un bouclier pour protéger ceux qui l'avaient accueillie avec amour.

Mais il paraît que dans les pays nordiques, autour de la Mer Baltique, une autre vision de sirène était plus connue: moitié femme, moitié poisson.




Et le blason de Varsovie n'a pas été épargné par cette influence. Depuis le XVIII siècle il prend la forme de la sirène, créature vivant dans la mer.
Parmi les statues qui sont nombreuses dans notre ville, j'aime particulièrement celle qui se trouve près du fleuve, à côté du pont Świętokrzyski. Dommage qu'elle n'a pas été réalisée, comme le voulait l'artiste, Ludwika Nitschowa, dans le courant du fleuve. On aurait eu l'impression qu'elle sort de l'eau pour menacer l'ennemi de la ville.
 



Réalisée en 1939, elle nous invitait à regarder la télé dans les années 1960. Chaque jour, à 16 heures, sa photo apparaissait à l'écran de nos postes de télé au début du programme.


niedziela, 17 czerwca 2012

Autour du Château royal de Varsovie

Vers 1960, je venais souvent avec mon père sur la place du Château. Pour un gamin de 6 ans elle paraissait énorme, car s'étalant des hôtels particuliers de la Vieille Ville jusqu'à l'escarpement descendant vers la Vistule. Seul un tout petit fragment de mur brisait la monotonie de la « terrasse » aménagée là où jusqu'au 1944 se trouvait le Château Royal. Détruit par les Allemands, le bâtiment n'a été reconstruit qu'en 1974, et le Musée qui s'y trouve n'ouvrit ses portes qu'en 1981.



La place telle que nous la connaissons depuis 1974 existe depuis environ 200 ans. En 1821 Jakub Kubicki, l'architecte principal auprès du gouvernement du Royaume de Pologne, a fait détruire une partie des remparts avec la grande porte dite « Brama Krakowska », ainsi que le mur séparant le château de la ville. Cela a découvert la façade de la partie ouest du château, construite au début du XVII siècle par le roi Sigismund III Vasa. Cet agrandissement du château était nécessaire vu qu'il devenait la résidence principale du roi qui pour toujours avait quitté le château de Wawel à Cracovie.
Avant les travaux de Kubicki, on ne voyait au dessus du mur que le haute de la façade ainsi que la grande tour avec une horloge au-dessous de laquelle se trouvait la porte principale donnant accès à la cour intérieure. C'est par là qu'entraient les carrosses de grands nobles invités des rois.
Au premier plan de la photo, on remarque le pont en brique datant du XV siècle, construit donc au même temps que la première ligne des remparts. C'est juste derrière ce pont que se trouvait la « Brama Krakowska ». On l'appelait aussi «  la Porte des Courtisans » car c'était eux qui étaient chargés de la défendre au cas d'une attaque.
La porte dite Grodzka (« municipale ») nous signale que nous sommes devant la partie du château où, au rez-de-chaussée, à gauche de la porte, étaient situés les offices municipaux. Il ne faut pas aussi oublier que le château, contrairement à ce qu'on pourrait s'imaginer vu son nom, n'appartenait pas au roi. Il était la propriété de la République des Nobles (Rzeczpospolita Szlachecka). D'où la présence des sièges du Sénat et de la Diète (parlement) polonais, ainsi que des offices qui en faisaient parties. Les rois n'occupaient qu'une partie du château.
Remarque : À cette époque-là seuls les représentants de la Diète étaient élus par les nobles. On devenait membre du Sénat d’une façon automatique ayant été nommé par le roi un châtelain, un voïvode, un maréchal ou un évêque.
Au XVII siècle, le roi Władysław IV, fils de Sigismund III, à l'occasion de ses noces, a fait construire une salle de théâtre qui est considérée par les experts comme la première salle de théâtre permanent en Pologne. Avant, les spectacles n’étaient joués que dans des salles aménagées juste pour une ou deux représentations. Le théâtre royal occupait les trois quarts de cette aile. Les coulisses étaient munies de tous les mécanismes ultramodernes dont on se servait dans les théâtres italiens et français de l'époque.

C’est dommage que devant le bâtiment on ne voit plus le dernier vestige du viaduc Panzer, un énorme panneau en fer avec une inscription en deux langues : polonaise et russe. L'emploi de celui-ci nous rappellait qu’une grande partie la Pologne au XIX siècle faisait partie de l'empire russe. Le viaduc depuis 1844 reliait la rue Krakowskie Przedmieście et la Vieille Ville avec les bords de la Vistule, et depuis 1864 permettait l'accès au premier pont en fer à Varsovie, celui construit par l’ingénieur Kierbedź. Le viaduc, endommagé par les Allemands en 1944 (ils firent dinamiter tous les ponts à Varsovie le 13 septembre), a été détruit lors de la construction de la Voie W-Z (Trasa W-Z).
Deux anciens troncs en marbre couchés sur l'herbe devant la porte servent d'indices permettant aux touristes de répondre à la question : combien de fois a été restaurée la colonne du roi Sigismund III dominant la place depuis 1644 étant donc le plus ancien monument laïc en Pologne.

À droite de la porte, il y avait la tombe provisoire du dernier directeur du Château en 1939, Kazimierz Brokl, mort le 17 septembre, le jour appelé « le dimanche noir » pour le Château. C'est ce jour-là que les bombes allemandes ont détruit la plus belle salle dite des Bals, et ont incendié la tour de Sigismund. Le même dimanche les aiguilles de l'horloge de la tour se sont arrêtées à 11 h 15. Depuis, c'était une heure symbolique pour tous les Polonais de la génération de la II Guerre Mondiale.



Maintenant, à cette heure-là vous pouvez entendre la fanfare  jouée de la trompette à la fenêtre au-dessous de l’horloge, écrite exprès pour le Château par le compositeur Zbigniew Bagiński. Elle est repétée trois fois pour souligner trois devises patriotiques polonaises: Dieu, Honneur, Patrie.


Il suffit de se retourner un peu vers la rivière pour admirer la plus ancienne partie du château, la tour dite « Grodzka ». Elle était la première à être bâtie en pierre et en brique, à l'époque des princes de Mazovie, au XIV siècle (n'oublions pas que jusqu'au 1526 la Mazovie était une principauté indépendante, gouvernée par les princes de la dynastie des Piasts). Entourée de bâtiments en bois, elle fournissait un abri au prince, à sa famille, à son trésor, à ses plus proches courtisans et à ses... prisonniers, vu que la partie la plus basse était une prison.


En descendant vers la Vistule, nous voilà devant le Palais Pod Blachą (Sous Tôle). Le nom vient de son toit en cuivre qui dans la deuxième partie du XVIII siècle n'était pas une chose commune. Construit pour la famille Lubomirski, il a été acheté en 1777 par le dernier roi de Pologne Stanisław August Poniatowski, et offert en 1794 à un de ses neveux, le prince Józef Poniatowski, futur maréchal de France pendant le Premier Empire. Sous l'administration prussienne, entre 1796 et 1806, après le troisième partage de la Pologne, il était un lieu de rencontre de la jeunesse mondaine, francophone, opposée aux traditionalistes et patriotes polonais. On parlait beaucoup, à cette époque, des bagarres entre les publics des théâtres polonais et français.
Au-dessus de l'aile norde du palais s'élève un étroit et long immeuble de la bibliothèque construite au début des années 1780 par Domenico Merlini pour abriter une grande collection de livres (plus de 16 000 exemplaires) appartenant au roi Stanisław August.

La partie du château donnant sur la Vistule est la partie la plus ancienne, après la Tour Grodzka, mais sa belle façade rococo ne date que du début du XVIII siècle. Elle est le seul élément réalisé d'un grand projet conçu pour le roi August III Saxe. Vers la fin du même siècle et au début du XIX, une rue coupait les jardins du château en deux parties : la partie haute, située juste devant le bâtiment et la partie basse, plus proche de la rivière. La rue, très importante pour le transport du nord au sud de la ville, ne pouvait pas être liquidée, et finalement elle a été couverte par l’architecte Jakub Kubicki d'une terrasse avec des escaliers permettant une communication libre entre les deux parties du jardin. Après l'échec de l'Insurrection de Novembre en 1831, et après la suspension de la Constitution et des libertés des Polonais, les arcades sont devenues l’écurie des troupes de soldats cosaques qui servaient à la pacification des manifestations patriotiques de la population de Varsovie.

En contournant le bâtiment et les anciens jardins du château, nous sommes descendus de l'escarpement dominant la Vistule. Pour revenir à la place du Château du côté nord, nous devons monter sur « La colline des Immondices », l'endroit actuellement très pittoresque, offrant une belle panorama de la rive droite, formé par les immondices de la ville jetées ici, derrière les remparts, pendant des siècles. Il n’est donc pas étonnant que les rois fuyaient le Château, situé juste à côté, pour la saison estivale et cherchaient de l’aire pur dans leurs résidences d’été à Wilanów ou à Łazienki. De par ce caractère c'était un lieu idéal pour les fouilles archéologiques qui ont effectivement eu lieu dans les années 1930. Des centaines d'années n'ont pas suffi à tout décomposer. Les témoignages existent prétendant que des parfums nauséabonds se dégageaient toujours quand on découvrait les couches successives de terre.


Dès la fin du XVII siècle les remparts de Varsovie ne jouaient plus leur rôle protecteur. On ne les démolit cependant pas. Ils servaient de fondations ou de murs exterieurs pour les maisons qu'on commença à construire autour. Les couches basses des maisons construites sur la Colline sont donc de vrais vestiges des anciens remparts du côté de la rivière.


Nous prenons une ruelle dont les maisons, peintes à plusieurs couleurs, me font penser à la pittoresque rue des Alchémistes que j’ai pu admirer à Prague, en République tchèque. Tournons à gauche dans la rue Jezuicka et nous voilà sur la Place Kanonia, juste derrière la Cathédrale de Sait Jean, la plus ancienne église de Varsovie. Jusqu'à la fin du XVIII siècle on enterrait ici, dans des tombes collectives, des habitants de la vieille Varsovie. Le seul vestige du plus ancien cimetière varsovien est la statue de Notre Dame placée contre le mur du presbytère de la cathédrale.
Au dessus des deux « portes » du côté du château, il y a un couloir reliant le siège royal avec la cathédrale. Initialement en bois, il a été refait en brique après le 15 novembre 1620 quand Maciej Piekarski, un malade mental protestant, a voulu tuer le roi ultra catholique qu'était Sigismund III. Le roi n’a été que légèrement blessé, mais le régicide manqué était jugé et condamné à tortures publiques sur la Place du Marché. Démembré, il a été brûlé vif et ses cendres ont été ensuite envoyées aux quatre vents par un coup de canon.

Prenez le passage vers le Château. Initiallement il y avait ici des bâtiments en bois où habitaient les princesses de Mazovie d’abord et les reines polonaises ensuite, avec leurs courtisanes. Dans la deuxième moitié du XVIII siècle, dans le nouveau bâtiment en brique habitait le peintre italien, Marcello Bacciarelli, ami du roi Poniatowski et auteur de nombreux tableaux qu'on peut toujours admirer dans le Musée du Château. Près de son appartement, il avait un atelier qui était une sorte d'école de peinture. Elle devait être changée en académie des beaux arts, mais les problèmes financiers ont entravé ces ambitieux projets du roi.
Pendant la II Guerre Mondiale, on produisait ici, dans des caves, juste à côté des Allemands occupant le Château, les armes pour l'Armée de l'Intérieur (Armia Krajowa), notamment la version polonaise d’une mitraillette britannique STEN (voir le panneau au mur du bâtiment).

piątek, 15 czerwca 2012

Où sont les chocolats d'antan?

Je regarde par le vitre. Devant moi, sous le soleil brûlant, s’étale la place Powstańców. Nous prenons notre temps. Assis autour d'une petite table, devant nos tasses de chocolat chaud, nous contemplons l'intérieur. Certes, il a changé plusieurs fois depuis la création du salon il y a 140 ans, mais garde toujours l'ambiance du vieux Varsovie de mes grands-parents. Et reste le témoin de l'histoire continue de l'usine de chocolat la plus ancienne en Pologne. Celle de WEDEL.
L'histoire de la branche polonaise de la famille allemande Vedel commence vers le milieux du XIX siècle. Nous sommes en 1845. Ça fait juste un an que les trains arrivent à la Gare de chemin de fer de Varsovie situé au carrefour de la rue Marszałkowska et Aleje Jerozolimskie. Mais comme il n'y a qu'une seule ligne, celle reliant Varsovie avec Vienne, nous devons chercher Karol Ernst Vedel plutôt à la station des diligences, car le fondateur de la dynastie est arrivé du Berlin. Invité par Karol Grohnert, propriétaire d'une pâtisserie rue Piwna, à la Vieille Ville, il aura travaillé pour lui 6 ans, avant d'ouvrir son propre atelier de production de chocolat et magasin dans l'hôtel Chodkiewicz, au 484 rue Miodowa (no 14 actuel). Ayant acquis son expérience en tant que pâtissier à Berlin, Londres et Paris, Karol conquit vite le public de Varsovie. Au début il commence par des sucreries typiques qu'on pouvait trouver dans d'autres salons et magasins de la ville. Ensuite il lance des bonbons et sirop... contre la toux. Pâtissier – pharmacien? À cette époque tout est possible. Mais très vite il s'oriente vers le produit qui est devenu le symbole de la firme: le chocolat. À commencer par le chocolat chaud: « Brillant » et « Dessert ». Forcément bon si on en vendait dans son salon jusqu'à 500 tasses par jour. Puis divers produits en chocolat à croquer. En 1862 les annonces publicitaires vantaient les qualités du « chocolat praline à la crème aux nougats, aux pistaches, napolitain, de demes, à la vanille, royal, à la sultan »  ou des « prunelles glacés - reinglouds glacés et fruits cristallisés».
Sa notoriété fut si grande que l'on a même commencé à falsifier ses produits. Ce qui l'a emmené à donner une annonce dans la presse polonaise où il expliquait que seuls les produits marqués de sa signature personnelle étaient sortis de son usine. La contrefaçon  n'est pas l'invention de nos jours.
Emil, le fils de Karol, rejoint son père en 1864, mais ne devient le propriétaire de l'atelier qu'en 1872, l'année de son mariage avec Eugenia Böhm. Que ces noms allemands ne vous déroutent pas. Emil, né à Varsovie, tout comme ses enfants, Jan, Eleonora et Zofia, se disaient toujours Polonais. La preuve en est que c'était déjà Emil qui a changé l'orthographe du nom contre la forme polonaise avec un « W », et  que Vedel est ainsi devenu Wedel. Pendant la II Guerre mondiale, les membres de la famille furent poussés par l'administration allemande à signer la Volksliste ce qui aurait beaucoup facilité la vie et la gestion de la société. Personne ne l'a fait. Au contraire ils prenaient part dans la lutte contre l'envahisseur au sein de l'Armée de l'Intérieur (Armia Krajowa). Plusieurs sont morts. Et avant la guerre, c'est Jan qui fut un des fondateurs du monument de Ignacy Jan Paderewski, le grand compositeur et pianiste qui fut le premier à exercer la fonction du premier ministre dans la Pologne ressuscitée en 1918. Le monument symbole que l'on peut toujours admirer dans le parc Ujazdowski.
Mais revenons à Emil. La notoriété de l'entreprise augmente systématiquement, ce qui lui permet de réaliser de gros investissements. Il vend l'atelier rue Miodowa et installe un nouveau atelier, beaucoup plus important, dans les bâtiments rue Szpitalna, achetés par son père en 1869. Il réalise aussi un nouveau immeuble au carrefour des rues Szpitalna et Flory (actuellement Górskiego). Construit dans le style de sécession, il fut un des plus jolis hôtels de Varsovie. Le 11 décembre 1894, le public franchit pour la première fois le seuil du plus grand magasin, aménagé au rez-de-chaussé, où l'on peut acheter tous les produits de la firme. Juste à côté se trouve le salon de chocolat. Les deux endroits deviennent vite très populaires parmi les habitants de la ville. Tout le monde y vient pour faire des achats, pour boire du chocolat chaud, mais aussi pour côtoyer les illustres Varsoviens: journalistes, romanciers, poètes, peintres... Prus et Sienkiewicz à la fin du XIX siècle, Tuwim, Słonimski, Iwaszkiewicz dans les années 20 et 30 du XX siècle.








Le bâtiment de l'usine dans la rue Zamojskiego est toujours de service




Le troisième et dernier des propriétaires avant la nationalisation de l'entreprise en 1948, fut Jan Wedel. C'est lui qui au début des années 30 du XX siècle fait construire une usine ultramoderne sur la rive droite de la Vistule, rue Zamojskiego, dans le quartier de Praga. Malgré la grande crise mondiale les affaires vont plutôt bien. Les magasins Wedel pullulent à Varsovie (notamment rue Wierzbowa, juste à côté du bâtiment de l'Opéra et au 53, rue Nowy Świat, à Marszałkowska et à Chmielna – celui-ci avec un des premiers néons publicitaires de Varsovie) et à d'autres villes de Pologne, mais aussi à l'étranger. On ouvre un magasin à Paris, au 20, rue Vignon, près de l'Opéra (sic!), où l'on commercialisent les produits Wedel transportés chaque jour par le train (une légende de famille voulait que ce soit le Train bleu, mais en réalité celui-ci n'allait pas vers la Pologne).

En 1933 la famille Wedel achète un hôtel au 13/15, rue Foksal, à deux pas du jardin de l'hôtel Zamojski où Pierre Blanchard monta dans sa montgolfière en survolant Varsovie en 1789. C'est ici que la famille a vécu l'occupation allemande de 1939 à 1944. Les travaux de rénovation ont complètement changé la façade du bâtiment, et son aspect moderne fut renforcé par la cage en verre de l'ascenseur installée à l'extérieur de l'immeuble. Menacé depuis 50 ans de destruction pour faire place à une nouvelle rue donnant sur la rue Smolna, il est tombé en ruine. C'est vraiment de la chance que depuis peu on parle plutôt de sa restauration que de sa démolition.


Jan Wedel a financé aussi la construction de deux bâtiments rue Puławska, au 26 et 28, qui, épargnés pendant la II Guerre mondiale (il n'y avait que des traces de balles sur la façade), existent toujours. Conçus par l'architecte Juliusz Żurawski, ils sont cités comme les meilleurs exemples du fonctionnalisme dans l'architecture de Varsovie des années 20 et 30 du XX siècle. À ne pas manquer la peinture murale de la grande artiste polonaise, Zofia Stryjeńska, réalisée dans le hall du bâtiment au 28, représentant les brigands montagnards (des Robins des bois des Carpates).
D'origine allemande, la famille Wedel était de confession protestante. C'est pourquoi l'on peut admirer deux vitraux des deux côtés de l'autel de l'église lutérienne, place Małachowskiego. Ils datent de 1961 et sont une réplique des anciens vitraux détruits pendant le siège de Varsovie en septembre 1939. De même la grille décorée derrière l'autel et les chandelles sont un don de la famille Wedel.
Le dernier vestige de la présence de Wedel à Varsovie est le grand tombeau de famille se trouvant au cimetière lutérien dans le quartier de Wola, rue Młynarska. C'est ici que reposent tous les membres de la famille: Karol (1813-1902), sa femme Karoline Wisnowska-Wedel (1819-1883), son fils Emile (1841-1919) et sa femme, Eugenia Böhm (1856-1925), Jan Wedel (1874-1960).


Nationalisée en 1948, la société « E.Wedel S.A. » est devenue en 1952 « l'Établissement de l'Industrie de Confiserie - 22 Juillet » (le 22 juillet était une date fétiche pour les communistes, car elle symbolisait la naissance de la Pologne populaire en 1944). Si la qualité de la gestion de l'établissement nationalisé n'était pas très haute, grâce aux travailleurs et ingénieurs d'avant la guerre, celle des produits est restée très haute. Dans les années 90 du XX siècle l'entreprise fut une des premières à être privatisées. Elle fut vendue au géant américain PepsiCO qui n'avait aucune expérience dans la confiserie. Il n'était donc pas étonnant qu'au bout de quelques années, en 1998 c'est le concerne Cadbury qui devient à son tour son propriétaire. Deux ans après, quand la société Cadbury Wedel a été achetée en janvier 2010 par Kraft Foods, la Commission européenne, craignant le monopole de Kraft sur le marché polonais de chocolat a imposé la vente de l’entreprise qui depuis  juin 2010 a comme nouveau propriétaire le groupe japonais LotteGroup.


czwartek, 14 czerwca 2012

Louis XVIII à Varsovie

Varsovie en 1801. La capitale du Royaume de Pologne disparu il y a 6 ans des cartes de l'Europe, est condamnée à n'être qu'une ville prussienne de province. Abandonnée par les grandes familles nobles polonaises, elle devient une étape dans les pèlerinages des royalistes français qui ont dû quitter leur pays ravagé par les guerres et la terreur. Un groupe important donc s'y installe dont une partie accompagne un certain comte de Lille qui occupe tout le premier étage de l'hôtel Wasilewski. C'était à l'époque le plus grand hôtel particulier dans la rue Krakowskie Przedmieście. Il s'élevait à l'endroit où actuellement se trouve le Square Hoover et fut détruit en 1864, après l'échec de la dernière insurrection nationale contre les Russes, celle de Janvier.


Voilà ce que pouvait voir de son balcon le comte de Lille ou Louis Stanislas Xavier de France (tableau de Bernardo Bellotto dit Canaletto, peintre de cour du roi Stanislas August Poniatowski)

Devant le square on peut toujours admirer la statue de Notre Dame de Passau, érigée en 1683, que le comte de Lille regardait du haut de son balcon.



Malade de goutte, il y piétinait souvent quand la pluie s'approchait, observé de loin par les habitants des maisons entourant le Château Royal et les bonnes dames qui tenaient leur commerce devant la Grande Porte de Cracovie, l'une des entrées à la Vieille Ville de Varsovie. Mais il n’était pas seul à prévoir les changements du temps. Dans la rue Piwna, habitait un météorologue de profession, Antoni Magier qui faisait accrocher à la porte de sa maison les feuilles du papier avec les prévisions pour la journée. Le dossier qui est le résultat de son travail de 25 ans ( plus de 100 000 observations notées), reste aux archives de l’Institut de Météorologie de Varsovie et les experts s'en servent toujours en faisant des analyes de changements climatiques de long terme.
Si le comte de Lille voyageait incognito, tout le monde savait très bien qu'il était le frère du roi de France, Louis XVI, et donc petit-fils de Marie Leszczyński, qui à son tour aura reigné à partir de 1814 sous le nom de Louis XVIII. Menacé par les tribunaux révolutionnaires il fuit sa patrie, et du 4 mars 1801 jusqu'au 25 juillet 1804, sur l'invitation du roi de Prusse, il habitait Varsovie. D'abord à l'hôtel Wasilewski, au Palais Zamoyski (juste à côté) les années suivantes. Pour la saison estivale il déménageait au Parc de Łazienki, où on laissa à sa disposition une jolie villa appelée la Maison Blanche.

La Maison Blanche était la première villa construite dans le domaine de Łazienki pour le roi Poniatowski (entre 1774-1776)

C'était là que les émissaires de Napoléon I organisèrent un attentat contre le comte. Un restaurateur français nommé Coulon, endetté auprès d'eux, et ancien ami d'un des cuisiniers du comte, tenta d'empoisonner un plat réservé à celui-ci. Arrêté, il avoua tout mais la police prussienne étouffa l'affaire et Coulon, bouc émissaire, fut le seul à être condamné à 4 ans de prison. Écoeuré, le comte quitta bientôt la ville et se rendit à Mittau en Courlande.
Qui était celui qui leva la main contre le futur roi de France? Peut-être l'envoyé spécial de Fouché, le ministre de la police sous Napoléon, Jean-François Galon-Boyer, officiellement homme de lettres et représentant commercial à Varsovie, qui eut son siège dans la maison voisine à l'hôtel Wasilewski. Cependant certains historiens prétedent que l'affaire fut plutôt organisée par l'entourage du comte pour discréditer le milieu bonapartiste de Varsovie auprès des autorités prussiennes.
C'était probablement aussi à la Maison Blanche que, indigné de ce qui s'était passé en France, le comte de Lille rédigea sa protestation datée le 6 juin 1804, qui finit par ces mots: « Je déclare, en présence de tous les souverains, que loin de reconnoître le titre impérial que Bonaparte vient de se faire déférer par un corps qui n'a pas même d'existence légitime, je proteste et contre ce titre et contre tous les actes subséquens auxquels il pourroit donner lieu. »
Pendant son séjour à Varsovie, le futur roi de France fut accompagné, entre autre, par Marie Joséphine de Savoie, sa femme, Louise Adélaïde de Bourbon Condé, sa cousine, François Hue, ancien courtisan de Louis XVI, et son aumônier, Henri Esex Edgeworth de Firmont. La population française fut estimée par les autorités prussiennes à plus de 200 personnes. La plupart, pour gagner leur vie, travaillait comme précepteurs dans les maisons de riches Polonais. Le bruit courrait qu'un ancien officier de l'armée royale, Monsieur de Keralie, devint dentiste. Il arrachait les dents pourries sans se servir d'aucun instrument, juste avec ses doigts.
Mais il y en avait aussi qui étaient venus à Varsovie encore dans la deuxième moitié du XVIII siècle, sous le règne du dernier roi polonais, Stanislas Auguste Poniatowski, et qui y firent carrière. Tel était le cas de la famille des banquiers Riaucourt, du docteur Dubois, ou des apothicaires Rouget et Guidal.
Si le comte de Lille, érudit et grand connaisseur de la littérature grecque et latine, préférait rester chez lui et ne se rendait jamais en ville, sa femme aimait passer les soirées au théâtre tenu par Monsieur Fourèze, qui se trouvait au premier étage du Palais Radziwiłł (Palais Présidentiel actuellement). Elle n'avait aucun problème à suivre et comprendre les pièces car les acteurs étaient ses compatriotes et les pièces étaient /crites par les auteurs français (une d'elle fut même d'actualité varsovienne; son titre était « Les trois carottes » et elle racontait l'affaire du complot contre le comte). Un soir, la future reine de France voulut montrer un geste d'amitié aux Varsoviens et assista au spectacle dans le théâtre polonais, place Krasińskich. L'idée n'était pas bonne, car les jeunes patriotes polonais, plutôt républicains que royalistes, firent jouer par l'orchestre du théâtre le chant de l'Armée du Rhin,  autrement appelée « La Marseillaise ». Ce fut donc la première et dernière fois que Marie-Joséphine mit pied dans le siège du Théâtre National.

PS. à tous ceux qui connaissent la langue polonaise!
Les plupart de ces Français étaient connus des Varsoviens qui avaient cependant du mal à retenir leurs noms étrangers. Il en résulta que la plupart furent connus sous leurs patronymes polonisés. Ainsi, Nicolas Chopin, le père de notre plus grand compositeur, qui passa toute sa vie adulte en Pologne, devint Mikołaj Szopen. Le comte d'Angoulême devint Danguleń, Mlle d'Auberval – panna Oberwał, et la région de Périgord - Piergóra. De leur côté, la plupart des Français qui n'avaient aucune motivation pour apprendre la langue polonaise, appelaient le parc de Łazienki... « La Jonquille ».
En vous servant des noms sous leur forme polonisée, essayez de retrouver les vrais noms des courtisans français séjournant à Varsovie:
  1. Dziger
  2. Bołdok
  3. Fiżan
  4. Szuzyl
  5. Danguleń
  6. Siubyś
  7. Buszurdan
  8. Fruła
  9. Otwor
  10. Lakruła
Lacroix

Soubise

Filsjean

Fleury

Choiseul

D’Angoulême

Diguere

Baudelocque

Boisjourdain

Hautefort