piątek, 31 grudnia 2010

Les hivers d'antan


Varsovie, l'ancienne capitale du Duché de Mazovie (jusqu'au 1526) ou ensuite celle du Royaume de Pologne, était une ville pleine de contradictions. À côté de beaux palais des grands nobles, des bourgeois faisaient construire leurs riches hôtels, mais tous ces édifices splendides étaient entourés de pauvres huttes. La richesse côtoyait de près la misère. Les rues sableuses ou boueuses étaient peu commodes aussi pour les voitures que pour les piétons.
Il y avait pourtant une saison où tous ces inconvénients disparaissaient. En hiver, la neige couvrait tout d'une épaisse nappe blanche et même les endroits les plus pauvres devenait pittoresques et enchanteurs. À commencer par le Mont des Immondices qui, près du Château royal (sic!), dominait la Vistule. En été il était difficile d'y rester vu l'odeur qui en émanait mais quand la température descendait au dessous de zéro, c'était la meilleure place pour contempler la rivière gelée et le paysage de la rive droite.
Les hivers en Pologne était très rudes. Durant quatre mois (du décembre au mars) aucun problème donc de passer la rivière à pied. Au début du XVIII siècle, le roi Auguste II le Fort organisa pour ses courtisans des courses sur la Vistule gelée. L'itinéraire fut choisi entre un village situé à l'endroit où se trouve le quartier actuel de Saska Kępa et celui de Solec. Durant une semaine, celui qui arrivait le premier, gagnait une prime de 100 ducats. À la grande surprise de tous, chaque jour ce fut la même personne, une jeune servante de la reine. Le dernier jour un jeune courtisan faillit gagner, mais tombé sur la glace, il cassa une jambe. La servante, forcément amoureuse, décida de lui céder tout ce qu'elle avait gagné. Le roi touché par ce geste, les fit marier et accorda au jeune couple une rente viagère. L'histoire qui peut faire rêver les sportifs de nos jours...
Quelquefois la traversée était dangereuse. Mais pas comme vous le croyez... Sous le règne de Stanisław Auguste Poniatowski, les élèves de deux écoles concurrentielles tenues à Varsovie par des Jésuites (plutôt conservateurs) et par des Piaristes (partisants de nouveaux courant dans l'enseignement) devaient se rendre les samedis à l'église Saint Antoine, des Pères Bernardins sur la rive droite pour une messe devant la statue de Notre Dame de Loretto. D'abord à une grande surprise et ensuite à une colère grandissante des hiérarques de l'église, ils y arrivaient toujours couverts de bleues et de sang. C'est que chaque fois quand ils se rencontraient en route, une bataille éclatait au milieu de la rivière gelée. Les moines qui accompagnant les jeunes, n'arrivaient pas à les retenir ou, qui peut le savoir, ils les encourageaient même à bousculer les concurrents. L'affaire devint très urgente et c'était l'archevêque de Varsovie en personne qui devait s'y mêler. Il imposa aux responsables des deux écoles à ce que leurs élèves participassent aux messes de la rive droite seulement tous les 15 jours. Chaque semaine autre école.
En 1785 la Pologne disparaît de la carte du monde partagée entre ses trois voisins de l'époque. Varsovie devint pour 10 ans une ville de province dans le royaume de Prusse. Le jeune neveu du roi, le prince Józef Poniatowski, futur maréchal de France nommé par Napoléon Bonaparte, profite des charmes de la vie mondaine, et organise souvent des courses des luges auxquelles on attelait six chevaux, dans la route qui est devenue depuis une des avenues principales de notre ville - l'avenue d'Ujazdów (Aleje Ujazdowskie). Aussi dangereuses pour les participants que pour le public, ces courses devaient ressembler aux courses nocturnes illégales des voitures au XX-ème siècle.

Au XIX siècle, Varsovie voit naître une nouvelle distraction - des patinoires, dont la plus connue fut celle de Dolinka Szwajcarska (la rue Chopin actuelle). Les gens venaient en foule. Jeunes ou adultes, ils y passaient des heures, aux sons de la musique de l'orchestre militaire. Même de vieilles dames profitaient de ce sport. Bien enveloppées de fourrures, assises dans de fauteuils sur patins, elles furent poussées doucement par leurs petit-fils.
Mais les distractions de l'hiver ce n'était pas uniquement les activités en plein aire. Les Varsoviens, bourgeois, fonctionnaires ou de professions libres, participaient souvent à des bals qui étaient organisés surtout par des sociétés caritatives. Comme ça les riches aidaient les pauvres à passer la saison qui était pour eux la plus dure de l'année. Les plus chics eurent lieu dans les salles de l'aile gauche du Grand Théâtre, les mêmes salles où de nos jours l'on peut admirer la collection des costumes des cantatrices et des chanteurs qui, durant plus de 100 ans, furent applaudis à l'Opéra de Varsovie. On discutait aussi longtemps sur l'ambiance des bals donnés dans les sièges des deux clubs d'industriels, à Resursa Kupiecka, rue Senatorska (là où il y a actuellement l'ambassade de Belgique) et à Resursa Obywatelska, rue Krakowskie Przedmieście (Dom Polonii). Les bals masqués des faubourgs par contre furent souvent prétexte à des manifestations patriotiques et à des niques qu'on faisait aux fonctionnaires du régime. C'était l'époque où les Varsoviens savaient comment se divertir, même au moment des plus durs représailles de l'administration russe.

Bonne année 2011 !!!


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